Louis Guillaume Figuier (1819-1894) est un des grands vulgarisateurs scientifiques du XIXe siècle. Il n’est pas étonnant de retrouver un portrait d’un de ses prédécesseurs illustres, Fontenelle, dans ses Vies des savants illustres depuis l’Antiquité jusqu’au dix-neuvième siècle (1875).
Fontenelle (1657-1757) sera pendant près de soixante ans secrétaire de l’Académie des sciences de Paris et, à ce titre, il en rédigea les Mémoires, l’Histoire et les Éloges. Dans les Mémoires, il publiera notamment en 1727 des Élémens de la géométrie de l’infini.
Fontenelle pratiquera également la vulgarisation scientifique, avant que cette forme devienne populaire. Ses Entretiens sur la pluralité des mondes (1686) portent sur l’astronomie, la constitution des galaxies et la vie sur les autres planètes (le mot pluralité du titre désigne l’hypothèse selon laquelle elles seraient habitées).
Les Entretiens relèvent de la tradition du dialogue philosophique. Dans un jardin de Haute-Normandie, le soir, une jeune marquise et un narrateur féru d’astronomie sont réunis pour parler des étoiles. «Je suis sçavante!» s’exclamera finalement la jeune femme, convaincue par les arguments de son interlocuteur.
Fontenelle aborde dans ses Entretiens la question des tourbillons cartésiens. Avant lui, le Molière du Bourgeois gentilhomme (1670) en avait parlé, mais au théâtre.
Les travaux de vulgarisation de Fontenelle sont publiés en français, alors que le latin avait été jusque-là la principale langue de diffusion de la science. C’est encore en latin que Daniel Listorp (1631-1684) discutait les travaux de l’astronome Nicolas Copernic.
Fontenelle servira de modèle de rédaction scientifique aux collaborateurs de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, et aussi à des astronomes de la fin du XVIIIe siècle, tel Jérôme de Lalande (1732-1807). Celui-ci publiera une Astronomie des dames, qui sera réunie en 1820 aux Entretiens sur la pluralité des mondes.
Au XXIe siècle, la vulgarisation scientifique est devenue courante. Un astrophysicien comme Hubert Reeves publie ses textes savants dans une revue prestigieuse comme Nature, mais il confie ses œuvres de vulgarisation à des éditeurs visant le grand public, par exemple les Éditions du Seuil.